Source : http://bibliobs.nouvelobs.com/20090716/13799/boutin-bonheur-par-francis-lalanne
Boutin bonheur, par Francis Lalanne
« Lundi rue Christine »
Christine Boutin quitte le gouvernement, c'est un peu de vérité qui s'en va.
La vérité en politique c'est l'identité entre ce que l'on pense, ce que l'on fait et ce que l'on dit. L'intégrité qui n'est pas l'intégrisme ; la foi qui n'est pas dans le rejet d'autrui ; la synthèse du courage et de la conviction : c'est ce qu'incarne à mes yeux Christine Boutin...
Tout cela vibre humblement au cœur de cette femme comme l'âme sans doute quelque part entre l'être et son autre.
J'éprouve moi un sentiment de tristesse à la voir s'éloigner ainsi du gouvernement de la France.
Qu'en est-il à présent de ce gouvernement ?
Privé de Christine Boutin, il se coupe définitivement d'une part essentielle de sa conscience : Bienvenus (sic) tous les traîtres à leurs causes et les béni-oui-oui ! Exit tout ce qui peut rappeler à l'actuel président la pensée qui l'a portée (sic) aujourd'hui au pouvoir.
Si j'étais membre aujourd'hui de l'UMP, je pense, pour parler crûment, que je l'aurais mauvaise face à cette ouverture qui ferme la porte au nez de tous ceux qui veulent rester fidèles à la France qui a votée (sic). Est-ce ainsi que l'on fait honneur aux compagnons d'arme qui ont tout donnés (sic) pour combattre aujourd'hui ceux qui occupent les postes ?
Moi, je trouve que l'ouverture n'a de sens honorable que si elle se fait en amont : En amont c'est s'allier, en aval c'est salir.
En effet, on peut se demander finalement si Christine Boutin avait réellement sa place dans cette mascarade.
Non, la représentation n'est pas la représentativité. Non, le symbole n'est pas la réalité.
Oui, la vérité en politique c'est agir par idéal et non par intérêt. Christine Boutin, elle, n'a jamais agi par intérêt. Contrairement à ceux qui semblent être aujourd'hui les favoris et autres mignons agréés, elle n'aura jamais trahi, elle, ses propres idées.
L'actuel président qui, il faut bien le reconnaître, est celui qui parle le mieux, en ce moment, la langue de « chez nous », vient en remerciant Christine Boutin de commettre une faute impardonnable, et sans doute encore une de trop ; une faute de français : Il a supprimé le verbe pour ne garder que les compléments... Son gouvernement désormais n'est plus qu'une caricature.La France est, à présent, dans le musée des erreurs ; elle n'aperçoit plus son image que dans un miroir déformant. On ne peut pas construire uniquement l'avenir sur le pragmatisme et le culte du court terme. L'arbre ne peut pas pousser sans de bonnes racines. La morale est le suc donnant au tronc commun ses branches, ses feuilles, ses fleurs, ses fruits.
Il faut des êtres, quel que soit le système en vigueur, qui lui rappelle (sic) en permanence de quelle morale il est issu. Des êtres qui se font les gardiens de ce temple, quand les principes qui le fondent s'en vont à la dérive.
Christine Boutin est de cette fibre que d'aucun (sic) voudrait bien aujourd'hui éraciner ; mais qui renaitra (sic) toujours de sa sève versée, parce qu'elle est le ferment du grand arbre de France et que cet arbre-là ne tombera jamais.
Francis Lalanne - Lundi 13 juillet 2009.
Billet d'humeur de Francis Lalanne publié en avant première ce lundi 13 juillet sur le site : http://www.davidetceline.fr/ [où l'on peut lire également la réponse de Christine Boutin à ce «magnifique texte de Francis Lalanne»]
www.francislalanne.com
Facebook : http://www.facebook.com/pages/Francis-Lalanne-Officiel/141731965507Une bonne analyse, issue du même Bibliobs, par un écrivain dont je vous reparlerai un de ces jours :
Enfin Lalanne vint
Par Pierre Jourde (Écrivain)Nous manquions cruellement d'écrivains engagés. Où étaient les Zola, les Gide, les Sartre ? Heureusement, ce besoin est désormais satisfait. Nous avons Francis Lalanne. Le Mozart du vers de mirliton, le Zavatta de la poésie, le héraut du lyrisme à cent balles débarque dans l'arène politique. C'est un dur, Lalanne, un sans pitié, un cogneur de la critique (sauf si la critique porte sur lui, dans ce cas il vous casse la gueule, car le Lalanne ne supporte que la flatterie, ce qui est normal vu la hauteur de son génie).
Et quel est son combat ? Sa bataille ? Pour quelle noble cause enfourche-t-il son blanc palefroi ?
Christine, il la chante à grands renforts de métaphores audacieuses et de fautes d'orthographe (ce qui est curieux, lorsqu'on parle de « faute de français », mais le grand poète ne recule pas devant le paradoxe). Que c'est beau, cette fibre qu'on éracine, mais qui renaît de la sève, tout en étant le ferment de l'arbre ! Et ce grand arbre de France qui ne tombera jamais ! Comme c'est noble ! Presque autant qu'une parodie de discours lyrique de sous-préfet à des comices agricoles en 1850. On dirait du Joseph Prudhomme.
Donc, Boutin. Pourquoi Boutin ? Parce que c'est elle. C'est l'évidence même. Elle, elle est vraie. Elle est pure. Avec de vrais morceaux de Boutin dedans. Pas Fadela Amara, non, pas Hirsch, pas Rama Yade, non non, Boutin, on vous dit, Boutin c'est du brut, du sincère, du qui fait pousser le grand arbre de France, alors que les autres, non. Faire pousser le grand arbre de France, ils en sont bien incapables, même avec des ferments. Et pour ce qui est de faire renaître de la fibre avec de la sève, ils sont nuls.
Pour la réflexion politique, cela se situe très exactement au niveau du bistrot du coin. « Moi, c'est Boutin qui me plaît. Elle est vraie, elle. Les autres, c'est des pourris. Moi je dis qu'en politique, faut être honnête. » Du bistrot, mais avec du lyrisme. C'est ça, la Lalanne touch. Vous avez zéro idée, une orthographe niveau CM2, un style intermédiaire entre Hugues Aufray et un discours de fin de noces et banquets : le mélange de tout ça vous donne ce genre inimitable qui fait de Lalanne un de nos grands comiques contemporains.
Non, zéro idée, c'est exagéré. Il y a des concepts dans un texte Lalannien. Le concept d'ouverture en amont, par exemple, la seule à être propre (en revanche, « en aval c'est salir »). Voilà une contribution, peut-être obscure, mais en tous cas décisive à la théorie politique. On trouve aussi le concept, plus ontologique, de position de l'âme « entre l'être et son autre », qui doit sans doute beaucoup à Heidegger et à Saint Augustin, sans parler de la notion physico-neurologique de « vibration humble ». En revanche, si quelqu'un pouvait m'expliquer la phrase « Est-ce ainsi que l'on fait honneur aux compagnons d'arme qui ont tout donnés (sic) pour combattre aujourd'hui ceux qui occupent les postes ? », il me rendrait un grand service, j'avoue que ce niveau d'abstraction me dépasse.
Mme Boutin, donc, «n'a jamais agi par intérêt.» Elle, et elle seule. Comment Lalanne le sait-il ? Quel moyen a-t-il de mesurer le dosage, sans doute complexe, d'ambition, d'intérêt, d'orgueil, d'abnégation qui entre dans une action politique ? Comment fait-il pour distinguer un habile imitateur de sincérité et un être sincère ? La réponse s'impose d'elle-même: il le sait. Il pense avec son cœur, Francis. Cela fait partie de ces évidences qui s'imposent au cœur des poètes, des vrais. Francis Lalanne est notre visionnaire politique. Il rejoint par là cette très ancienne attitude politique que l'on nomme démagogie. Il en réunit tous les éléments constitutifs: le jugement à l'instinct, le cœur, le langage lyrique et la séparation arbitraire, simpliste et sans nuance entre le Bien et le Mal. Mais sans doute ne le sait-il pas.
1 commentaire:
Quel défenseur des opprimés! Quel charisme verbal! Lalanne le seul homme capable d'écrire "Le Biceps amoureux"! Garg parle nous de Jourde, ce mec est un peu mon dieu depuis La Littérature sans estomac où il analyse avec beaucoup de pertinence la poétique de Sollers ou de Beigbeder. Il réussit à les élever à leur juste niveau: le caniveau!
En fait, Lalanne, Sollers, Angot, Beigbeder même combat!
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