Play litt estivale

La période (et le boulot) étant propices à la lecture, une play-litt fournie ce mois-ci :

1 - Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck (2007)
Très bien écrit, ce Goncourt des Lycéens est une œuvre aboutie, à la fois hors de l'Histoire et constamment prise dans des problématiques d'identité (individuelle et collective) que le lecteur reste libre de situer historiquement (les échos et renvois sont nombreux). Passionnant, quoique d'une lecture parfois ardue. à lire en priorité !
2 - Muriel Barbery, Une gourmandise (2000)
Intrigué par L'élégance du hérisson (récemment adapté au cinéma, mais je n'ai que lu le livre), que j'ai bien apprécié malgré les critiques (infondées à mon sens) qui ont circulé sur le thème comme sur le style, je me suis plongé dans un exercice de style antérieur assez jouissif, centré sur la cuisine et l'acte de manger. Petit bouquin qui se lit très vite et avec plaisir, dans lequel d'ailleurs sont campés des personnages que l'on retrouve dans L'élégance du hérisson.
3 - Alessandro Barrico, Cette histoire-là (2005)
Au risque d'être parfois décousu, ce roman enjambe les époques et varie les styles, en suivant un personnage pour le moins original. Intéressant.
4 - Pierre Jourde, L'heure et l'ombre (2006)
Un précédent roman de Jourde m'était tombé des mains, mais il faut persévérer et celui-ci m'a bien plu ; l'enchâssement des récits et la mobilisation des mémoires respectives des personnages sont réussis.

Avis (très) réservé :
Daniel Pennac, Chagrin d'école (2007)
Difficile de savoir ce que l'auteur a voulu faire, ce qui n'est pas en soi un défaut, mais qui, sur le thème de l'école, peut poser problème. Entre souvenirs et sociologie des problèmes actuels de l'institution scolaire, évocation complaisante de l'évolution de l'école républicaine, il se dégage du livre des vérités, mais immédiatement englouties dans un certain cynisme. Etrange ouvrage : s'il n'est que complaisant et mémoriel, il a peu d'intérêt autre que de curiosité. J'avais préféré Entre les murs de François Bégaudeau, stylistiquement moins prudent, sans doute ; je ne sais si Pennac a voulu surfer sur cette vague - le livre (je n'ose le taxer de roman) a des mérites, tout de même -, mais les avis sur un tel livre sont forcément partagés.