dimanche 3 janvier 2010

Une play litt pour la décennie

L'exercice est plus que présomptueux, et la sélection bien difficile, mais je me risque tout de même, à l'écoute d'autres suggestions et critiques ! Je me suis limité aux romans et récits...

1 - Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck, Stock, 2007

D'une puissance rare, mon coup de cœur. J'espère avoir le temps de le relire bientôt, car j'ai encore du mal à en rendre compte, tant sa densité et sa vérité m'ont marqué.

2 - Christian Gailly, Un soir au club, Éditions de Minuit, 2001

Certains parlent d'un mouvement « minimaliste » aux Éditions de Minuit, avec notamment Jean Echenoz (j'aurais pu mettre, entre autres, Ravel, de ce dernier, paru en 2006). Mais peu importe l'étiquette ; la rythmique de l'écriture me plaît bien, avec un côté élégant intéressant.

3 - Aurélie Filipetti, Les derniers jours de la classe ouvrière, Stock, 2003, Laurent Gaudé, Eldorado, Actes Sud, 2006, et Tristan Garcia, La meilleure part des hommes, Gallimard, 2008

Rapprocher ces trois récits n'est pas évident à première vue, mais j'aurais tendance à y repérer une veine sociale commune, soutenue par un style parfois déconcertant mais très travaillé. L'indignation constante, face à la désindustrialisation dans le premier cas, à l'immigration clandestine dans le seconde, à l'apparition du sida comme problème de société dans le troisième, ne le cède en rien à l'intérêt littéraire bien au contraire.

4 - Patrick Modiano, Accident nocturne, Gallimard, 2003

On aime ou pas, surtout que l'auteur est prolifique, mais je trouve certains romans, comme celui-ci, plutôt bons.

5 - Régis de Sa Moreira, Le Libraire, Au Diable Vauvert, 2004

Onirique à souhait, et d'une belle sensibilité.

6 - Marc Dugain, La Malédiction d'Edgar, Gallimard, 2005

Le renouveau du roman historique, mêlant une connaissance très fouillée et une intrigue bien menée, certains diraient l'histoire et l'Histoire... mais je ne suis pas partisan d'une distinction de ce type, qui ne mène pas bien loin. D'ailleurs, le même renouvelle l'expérience dans Une exécution ordinaire, Gallimard, 2007, tout aussi impressionnant de maîtrise. Qui a dit que les romans historiques étaient ennuyeux ? On rattachera au travail de Dugain celui de Jean-Christophe Rufin, dans Rouge Brésil, 2001, ou encore dans Le parfum d'Adam (2007), également admirable, n'eût été cette distance, qui, je l'avoue, me gêne, entre l'engagement public et politique de Rufin et son positionnement dans ses ouvrages (le second comme bonne conscience de la politique soutenue en tant qu'ambassadeur ?).

7 - Léonora Miano, L'intérieur de la nuit, Plon, 2005

Brillante et terrifiante évocation de l'Afrique, de ses beautés et de ses drames, dont j'ai trouvé des échos dans l'impressionnant Solo d'un revenant, de Kossi Efoui (Seuil, 2008), découvert récemment grâce à Novice.

8 - Olivia Elkaïm, Les graffitis de Chambord, Grasset, 2008, et Sorj Chalandon, Une promesse, Grasset, 2006.

Le parallèle n'est peut-être pas évident, mais ce récit témoignait d'une sensibilité, d'un intérêt pour la mémoire, la vie et la mort, que j'ai retrouvé il y a peu dans La folie des solitudes, de Geneviève Parot (Gallimard NRF, 2009).

9 - Gilles Leroy, Alabama Song, Mercure de France, 2007

Récit étonnant, déroutant, mais au final très maîtrisé.

10, mais en réalité hors classement : la littérature non francophone, mais traduite en français. Parmi les belles choses de cette décennie, pêle-mêle :

Philip Roth, La tâche (2000), trad. fra. Paris, Gallimard, 2004

Umberto Eco, Baudolino (2000), trad. fra. Paris, Grasset, 2002

JM Coetzee, Elizabeth Costello (2003), trad. fra. Seuil

Pascal Mercier, Train de nuit pour Lisbonne (2004), trad. fra. Maren Sell, 2006

Zadie Smith, De la beauté (2005), trad. fra. Gallimard, 2007

Stieg Larsson, Millenium (2005-2007), trad. fra. Paris, Actes Sud, 2006 et 2007

2 commentaires:

padawan a dit…

Oui du costaud Garg, bravo.

Pour le rapport de Brodeck, effectivement suite à tes conseils je m'y suis également plongé. Une belle expérience assez universelle en fait même si j'étais peut-être un peu plus en recul par rapport à l'intensité que tu décris. J'en ai peut être trop étalé la lecture dans le temps...

Dans ma play-litt, si j'avais un bouquin à retenir, ce serait Bret Easton Ellis pour son Lunar Park. Un bouquin qui ma mis la claque en 2005. Une expérience assez inclassable dans le genre et que je vous conseille grandement.

garg a dit…

Oui j'ai entendu de bonnes choses du bouquin de Bret Easton Ellis. Je vais suivre ton conseil et essayer de le lire prochainement.