MacGyver est le héros de la crise économique par excellence
Tout le monde se souvient sans doute de MacGyver, la série américaine que chacun regardait à la fin des années 80, heureux de pouvoir en parler au travail, avec des collègues de boulot tous plus fans les uns que les autres des malignes actuces de l'homme qui fabrique des trucs pour sauver le monde plus vite que son ombre. McGyver, c'est avant tout une musique, un générique, celui qui mettait la France en joie lorsque les premières notes en retentissaient dans les enceintes du poste de télévision (qui, pour beaucoup, avait encore des coins tout ronds). Cela faisait quelque chose comme "Tin tin tin tin tin tin tin...", mais, vous l'avouerez avec moi, il n'est pas simple de fredonner un générique dans un billet écrit.
Pourquoi le retour ? Parce qu'un studio hollywoodien a prévu, figurez-vous, de lancer un film adapté de la série télévisée, autour du personnage de MacGyver. La chose n'est pas encore tournée, on ne sait même pas encore qui interprètera le rôle du héros au coup de tournevis facile, mais les rumeurs vont bon train, comme toujours à Hollywood, et l'ensemble des jeunes acteurs présents dans la région ont déjà certainement envoyé leur CV vers la boite postale de la production, certains s'étant, pour les photos, laissé pousser la nuque longue afin de toucher au plus près à l'identité visuelle du personnage. Une marque de fabrique (les cheveux longs derrière, à moitié en brosse sur le dessus), que l'acteur Richard Dean Anderson (le MacGyver original) partageait alors avec la plupart des footballeurs de nationalité allemande. A tel point que, lors d'un voyage en Allemagne réunifié, alors qu'il se promenait dans les rues de Berlin à la recherche d'un morceau de mur à rapporter comme élément de décoration pour sa villa de Los Angeles, un entraineur de football l'aurait embarqué de force dans le bus amenant les joueurs d'une équipe connue au plus grand stade de la région, le confondant avec l'un de ses solides gaillards. Tout s'était alors bien terminé, Richard Dean Anderson (que les intimes appellent simplement Richard Dean), ayant marqué un but contre l'équipe de Munich.
MacGyver pour les nuls. En quelques mots, expliquons aux ignorants qui ont préféré lire des livres à l'époque (les idiots), plutôt que de regarder la télévision comme tout le monde, qui est exactement MacGyver. Il s'agit d'un personnage assez sympathique, bien que peu déconneur (les spécialistes ont compté au maximum une dizaine de vannes drôles durant toute la série, dont une est lancée par un chien), qui a la spécificité de ne pas porter d'armes à feu. Dans un pays où tout le monde descend tout le monde au revolver à six coups, cette différence est de taille. Alors, me direz-vous, comment donc fait MacGyver pour lutter contre les méchants (puisqu'on sait qu'aux USA, beaucoup de gens sont méchants comme tout) ? C'est très simple : il fabrique des objets, afin de se sortir de toutes les situations, et même les plus gênantes. Voici pour bien comprendre la chose deux exemples :
- Exemple 1 : MacGyver a été enfermé dans le coffre-fort d'une banque par des méchants qui ont volé tout ce qu'il avait dedans, et il doit en sortir, pour lutter contre le crime organisé, rattraper les bandits, et tout remettre dans le coffre-fort avant l'ouverture de la banque, le lendemain matin, afin que l'ensemble des clients fortunés puissent profiter comme ils en ont le droit de leurs biens et de leurs richesses. MacGyver va alors s'apercevoir que les méchants, dans leur empressement à faire le mal, ont oublié un collier de perles dans l'un des coffres personnels. Il va briser le collier, non sans s'être promis auparavant de le rembourser à sa propriétaire, et va insérer dans le mécanisme de l'horloge du coffre-fort les perles. Celles-ci, bloquant les roues dentées de la chose, entraînent inévitablement un mauvais fonctionnement du système électronique du coffre, à l'époque géré par Windows 3.0, qui, dans un magnifique bug, s'ouvre alors dans un déclic de victoire. MacGyver sort du coffre-fort sans avoir eu à tirer un coup de feu.
- Exemple 2 : MacGyver est en train de caresser un ours, dans la montagne, parce que MacGyver est tellement un type bien que même les animaux sauvages l'adorent (il est possible que les jeunes ours bruns s'identifient à lui du fait de sa coiffure, qui rappelle dans ses tons et ses mouvements leurs poils à eux). Malheureusement, alors que MacGyver fait écouter sur son walkman à l'ours brun le dernier album de Paula Abdul (star de la chanson de l'époque), un méchant, à distance, tire sur l'ours, le blessant cruellement au flanc. MacGyver ne se démonte alors pas, et va récupérer dans la grotte de l'ours, dont il connait l'emplacement exact, une bonne dose de miel, qu'il place sur la plaie, après avoir extrait la balle avec le fer du casque de son walkman, qu'il a tordu afin de le transformer en une sorte de grande pince à épiler. L'ours se remet alors vite, et, prenant MacGyver sur son dos, rattrape le chasseur, qui en plus, a tiré hors des périodes légales de chasse. Neutralisant l'horrible individu, MacGyver l'attache à un arbre, et le condamne à écouter jusqu'à que ce que les piles soient vides dans son walkman, l'album de Paula Abdul (une terrible torture durant ces années-là).
Tous des MacGyver. Le retour de Mac Gyver n'est clairement pas un hasard, ne soyons pas crédules. Il correspond exactement au développement de la crise économique dans les foyers américains, donc dans les nôtres. En effet, nous sommes tous devenus des MacGyver, rivalisant d'astuces afin de consommer moins cher, de se dépatouiller des situations de la vie avec trois épingles et deux pommes de terre. Julien Courbet, pendant des mois, dans son émission "Service Maximum", nous a montré comment utiliser le livre de coloriages de son enfant afin d'en faire une nappe utilisable pour au moins dix repas. MacGyver, c'est ça : c'est le héros de la crise. Il n'a besoin de rien de spécial pour s'en sortir, il fait, avec les deux ou trois détritus qu'il trouve par terre, en se baladant, des avions et des explosifs, le tout pour sauver l'Amérique, qui, reconnaissante, en fera son héros. Pour être MacGyver, les moyens sont simples : une coupe de cheveux atroce, un blouson de type aviateur au cuir mal vieilli, des capsules de cannettes vides de Coca-Cola afin de désamorcer des bombes nucléaires, et une ramette de feuilles A4 dans le coffre du 4x4 pour, éventuellement, fabriquer de manière artisanale une plate-forme d'atterrissage pour hélicoptères. Alors que des séries bling-blings comme "90210" ou "Gossip Girl" fascinent les jeunes générations, qui commencent à se rendre compte que ce n'est que du vent, et que leur avenir sera au contraire fait d'achats à pas cher chez Leader Price et de podiums Ricard Live Music avec sur scène, la chanteuse Lââm, parce que c'est gratuit. Le retour de MacGyver sera par conséquent celui du réel, dans un monde qui n'est plus qu'illusions.
Sur TV Breizh. La série MacGyver est actuellement diffusée sur la seule chaine de télévision a avoir vraiment su se rendre compte de l'importance sociétale actuelle de cette oeuvre : TV Breizh, la première chaine bretonne à ne quasiment rien diffuser portant sur la Région Bretagne. La Bretagne est donc l'endroit idéal pour se noyer actuellement, car vous pouvez être certain que si vous êtes en difficulté, des dizaines d'hommes et de femmes seront là pour vous sauver, bricolant en quelques secondes seulement, avec des T-shirts à l'effigie de Johnny Hallyday et une bouée à l'effigie d'un canard, un radeau plus crédible encore que le bout de bois dans lequel voyageait, il y a longtemps, le navigateur Gérard d'Aboville. L'ensemble du pays pourrait de nouveau être balayée par un vent de débrouillardise consécutive à la diffusion de MacGyver, si seulement une chaîne de télévision à forte audience (TF1, Direct 8, Public Sénat), voulait bien, dans l'intérêt général, la programmer à son tour.
La crise. Si demain la crise s'arrête, et c'est ce que nous souhaitons tous, que nous retrouvons le confort de nos vies confortables, ce retour de MacGyver n'aura plus de raison d'être. Parce que, d'accord, c'est bien sympa de savoir fabriquer un avion à réaction avec un lot de planches de bois acheté chez Leroy-Merlin, mais, convenons-en, c'est tellement plus chouette encore de se laisser aller à la dégustation d'un cocktail aux saveurs fruitées, sur le pont d'un bateau de croisière, dans une sorte de remake de "La croisière s'amuse". Un petit conseil aux producteurs hollywoodiens, donc : avant que Barack Obama ne redresse la barre économique, sortez vite votre film. On espère que d'ici quelques mois, il sera devenu terriblement obsolète.
1 commentaire:
Mac Gyver, c'est un peu l'archétype de l'homme. C'est le modèle de tout bon synodien! Je pense me faire la même coupe de cheveux pour fêter le printemps et le retour de Richard Dean (pasceque moi c'est mon pote!)
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